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Une généalogie lorraine

Généalogie THIRIET-KNIDEL

Le lac de La Maix

Publié le 6 Avril 2013 par Jean-Yves THIRIET

Le lac

Le lac

LAC PERDU EN SALM AU COEUR DES VOSGES BLEUES.

Là où bleuissent les sapins
Il est un lac perdu que j'aime :
En son miroir chante un poème
Et dansent d'amoureux lutins.

Je le prendrais dans mes deux mains,
Petit qu'il est comme une gemme.
Là où bleuissent les sapins
Il est un lac perdu que j'aime.

Recueilli, loin des grands chemins
Et des vains bruits de la bohème,
Il est offrande sans blasphème,
Charme secret des pèlerins,
Là où bleuissent les sapins.

Sa légende est toute mystère
Et lui-même y a consenti.
Tout son passé y est serti
En mille images de lumière.

Il murmure dans la nuit claire
Les chants d'un orchestre englouti.
Sa légende est tout mystère
Et lui-même y a consenti.

Lointains appels dans la clairière
Où jadis, pécheur repenti
Pieux l'Ermite s'est blotti
Dans le silence et la prière,
Sa légende est tout mystère.

Il dort paisible et merveilleux
Au murmure des sources claires,
Au pied des rochers millénaires
Et des grands sapins orgueilleux.

Au fond des bois silencieux
Où dansent encor les sorcières,
Il dort paisible et merveilleux
Au murmure des sources claires.

Que lui importe dans les cieux
Les traits de feux et les tonnerres,
Et l'effroi des biches légères
Flânant par les Hauts rocailleux,
Il dort paisible et merveilleux.

Regarde donc la libellule,
Flèche d'azur dans les roseaux,
Faire des grâces sur les eaux,
Dans le soleil qui la stimule.

Jusqu'au nénuphar incrédule
Qui s'ébahit de ses émaux !
Regarde donc la libellule,
Flèche d'azur dans les roseaux.

Charmeuse, artiste ou funambule,
De mille fils et mille anneaux
D'argent, tissant de purs joyaux
Au ras de l'onde qui l'adule,
Regarde donc la libellule.

Écoute la voix des échos
Qui l'enveloppe de prière,
Alternant cantique et rosaire
Comme aux Jours lointains et dévots.

Silencieux et les yeux clos,
Écoute la voix familière,
Écoute la voix des échos
Qui l'enveloppe de prière.

Tels les pèlerins en sabots
Se pressant jusqu'à la clairière
Pour y retrouver printanière
La Vierge des rêves enclos,
Écoute la voix des échos.

Passant des plaines et des monts,
Entends la cloche qui t'appelle !
Avec moi viens à la chapelle
Qui veille au sein des bois profonds.

Nous y déposerons ces noms
Dont notre coeur est l'escarcelle.
Passant des plaines et des monts
Entends la cloche qui t'appelle !

Nous sommes frères vagabonds
En notre marche intemporelle
Et c'est la même âme rebelle
Qui vibre et chante sous nos fronts,
Passant des plaines et des monts.

N'est ce point le seul vent qui sonne
Quelque angélus mystérieux,
Chargé d'un beau rêve amoureux
Dont toute la forêt frissonne ?

Souffle éperdu qui tourbillonne,
Messager d'un absent pieux,
N'est ce point le seul vent qui sonne
Quelque angélus mystérieux ?

Ici chacun, Vierge Patronne,
Vient te chanter le coeur joyeux
Ou se recueillir douloureux
A ce tintement qui résonne.
N'est ce point le seul vent qui sonne ?

Songe à tous ceux qui sont passés,
Emportant leur peine et leur rêve,
Riches de foi, riches de sève,
Sages, naïfs ou insensés.

Unis, tous ensemble enlacé
Dans la prière qui s'élève,
Songe à tous ceux qui sont passés,
Emportant leur peine et leur rêve.

Des absents ou des trépassés
Écoute la voix qui se lève.
Perdus sur quelque humaine grève
Ou dans leurs tombeaux dispersés,
Songe à tous ceux qui sont passés.

Ici chacun laisse sa trace
En ce tertre du souvenir,
Promesse ou prière ou soupir,
Ou grise et bien pauvre grimace.

Chiffres d'amour et de désir
Qu'une main grave et entrelace,
Ici chacun laisse sa trace
En ce tertre du souvenir.

Empreinte du rêve qui passe
Sans cesser de nous éblouir,
Marque prête à s'évanouir
Et que malgré tout rien n'efface,
Ici chacun laisse sa trace.

Mais qu'ils sont donc loin mes sapins
Et mon beau lac perdu que j'aime !
J'ai fait pour eux plus d'un poème
Pour qu'ils me semblent moins lointains.

Je le voudrais là, dans mes mains,
Mon lac petit comme une gemme,
Mais qu'ils sont donc loin mes sapins
Et mon beau lac perdu que j'aime !

Je sais pourtant que les matins,
Dans la lumière qui essaime,
Chantent l'espérance qui sème
Des espoirs qui ne sont pas vains,
Mais qu'ils sont donc loin mes sapins !

Qu'elles sont loin ces jeunes filles
Faisant trois tours sans chaperons
Bouche close, les yeux fripons
Et les mains riches de brindilles !

Lointaines comme les quadrilles,
Comme la veillée aux tisons,
Qu'elles sont loin ces jeunes filles
Faisant trois tours sans chaperons !

Simples, légères et gentilles
En quête de jolis garçons,
Rêvant de bien charmants démons,
Les cheveux pris sous leurs mantilles
Qu'elles sont loin les jeunes filles !

Un jour je reviendrai, bien vieux,
A mon beau lac perdu que j'aime,
Sous les sapins que le temps sème
Comme les soleils dans les cieux.

Marchant au pas de mes aïeux,
Par leurs sentiers, dès l'aube blême,
Un jour je reviendrai bien vieux,
A mon beau lac perdu que j'aime.

J'irai tout seul, silencieux,
Dans un recueillement suprême,
Pour lui murmurer ce poème
Comme le chant de mes adieux.
Un jour je reviendrai, bien vieux...
Et puis reviendront d'autres filles,
D'autres enfants, d'autres garçons.
Ils chanteront d'autres chansons,
Les mains riches d'autres brindilles.

Puis reviendront les joyeux drilles
Par terre écrivant d'autres noms,
Et puis reviendront d'autres filles,
D'autres enfants, d'autres garçons.
Cheveux au vent et sans mantilles.

Frappant le sol de leurs bâtons,
Elles iront les yeux fripons,
Simples, légères et gentilles,
Et puis reviendront d'autres filles ...

Aux jours secrets des rendez-vous,
Des monts jailliront des fumées,
Droites, blanches comme des fées,
Enveloppant des rêves fous.

Palpitant comme voiles flous,
Voiles troublants de mariées,
Aux jours secrets des rendez-vous,
Des monts jailliront des fumées.

Alors traînant bâton de houx,
A grandes et lourdes foulées,
Tous reviendront par les coulées,
Laissant en bas hurler les loups,
Aux jours secrets des rendez-vous.

Ombre ou fantôme dans le vent
Alors j'irai par la montagne
Pour que m'assaille et m'accompagne
Leur enthousiasme délirant.

Amoureux, fol, impénitent,
Feu follet battant la campagne,
Ombre ou fantôme dans le vent,
Alors j'irai par la montagne.

Comme autrefois joyeux amant,
Avec ma Muse pour compagne,
A l'heure où la nuit monte et gagne,
Je reviendrai glaner leur chant,
Ombre ou fantôme dans le vent.

Là où bleuissent les sapins
Il est un lac perdu que j'aime :
Lac de la Maix chant d'un poème,
Mer à l'échelle des Lutins.

Vasque où l'enfant plonge ses mains
Pour y recueillir quelque gemme,
Là où bleuissent les sapins
Il est un lac perdu que j'aime.

Jaillis de bien lointains matins
Dans la lumière qui essaime,
Promis à d'autres lendemains
Chantent des noms que l'Amour sème
Là où bleuissent les sapins...

Cette évocation est extraite de "MURMURES DES BOIS SAUVAGES"
d'Henri MARTIN diplôme d'honneur des poètes Lorrains 1970

Le lac de "La Maix" est situé dans le massif du Donon, à 678 m d'altitude entre les vallées de la Plaine et du Rabodeau sur le territoire de la commune de Vexaincourt. Il a environ 500 m de circonférence et 13 m de profondeur. Il est dominé par le "Haut du Bon Dieu" (811 m). C’est un lac de formation glaciaire qui a gardé ses moraines frontales et latérales. On trouve dans le même massif, sur le versant de la vallée de la Bruche, des sites analogues : "Les Ronds-Pertuis". Ce sont des lacs qui ont perdu leurs moraines frontales et se sont transformés en marécages.

Le lac de La Maix est encaissé dans le flanc de la montagne et entouré de sapins noirs. Par temps couvert il est sombre. Par beau temps, il présente des teintes surprenantes qui varient tout au long du jour. Par temps calme, les arbres se reflètent dans le lac comme dans un miroir. C'est un des sites les plus agréables des Vosges moyennes.

Tout laisse à penser qu'à l'époque gauloise le site de La Maix était un lieu de culte et de pèlerinage pour les habitants des hautes vallées de la Plaine, du Rabodeau et de la Bruche. Les Romains, qui ont occupé le pays au début de notre ère, ont associé leurs divinités aux divinités locales. Ils ont aménagé les anciens chemins et fait passer au-dessus du lac, au col du Bon‑Dieu, la voie militaire de Langres à Strasbourg.

Au 7° siècle, un monastère est fondé à Senones. Les princes mérovingiens lui attribuent un territoire qui comprend les hautes vallées de la Plaine et du Rabodeau et une partie de la rive gauche de la vallée de la Bruche. Le lac de La Maix se trouve sur ce territoire sur lequel l'abbé de Senones exercera sa juridiction jusqu'en 1793.

Au XI° siècle le comte de Salm en Vôges devient le voué (ou protecteur) de l'Abbaye et de ce fait le lac de La Maix sera situé en terre de Salm.

R. Poirson.

Pour en savoir plus => http://e.noel57.free.fr/lamaix.htm

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